Valeo vise la neutralité carbone en 2050. De « CAP 50 », son plan de réduction des émissions de gaz à effet de serre, découle notamment une stratégie d’économie circulaire. Cette démarche vertueuse concerne aussi bien les sites industriels du Groupe que les produits et le business model. L’équipementier automobile s’appuie également sur un écosystème de partenaires innovants pour favoriser la rénovation, la réparation, la réutilisation et le recyclage. Un nouvel axe de croissance majeur, incontournable dans une industrie en pleine mutation face à l’épuisement des ressources planétaires.
Pour lutter contre le défi majeur du réchauffement climatique, Valeo s’est fixé en 2019 l’objectif ambitieux de réduire ses émissions de CO2 de moitié d’ici à 2030. Une stratégie alignée avec les actions mises en place historiquement par le Groupe pour favoriser une maîtrise raisonnée des ressources, à tous les échelons. « Nous avons mis en place des plans environnementaux depuis plus de vingt ans sur la réduction de notre consommation en eau, en énergie et en matériaux, ainsi que de nos déchets. Les processus des sites de production ont été revus et nous travaillons aussi sur les produits et de nouveaux business models », retrace Jean-Baptiste Burtscher, Group External Affairs & Sustainable Development Manager de Valeo. Une stratégie bas carbone qui s’appuie sur la mise en place d’une économie circulaire. L’objectif ? Fabriquer des produits de manière durable en limitant la consommation, le gaspillage des ressources et les déchets. La démarche en est encore à ses débuts – sa formalisation remonte à l’an passé, avec la publication du premier rapport climat du Groupe, notamment – mais un certain nombre d’actions prometteuses ont déjà été mises en place. Entre 2019 et 2030, Valeo entend par exemple réduire de 15 % ses émissions de CO2 sur les matériaux (scope 3 amont).
Robustifier, rénover, réparer, recycler
Dans le cadre de son plan carbone, Valeo a structuré sa démarche d’économie circulaire autour des « 4 R » : design robuste, rénovation, réparation, recyclage. « Grâce à notre portefeuille de produits, nous avons la capacité de nous positionner et de proposer des solutions sur l’ensemble des 4 R », s’enthousiasme Jean-Baptiste Burtscher. À commencer par la rénovation (« remanufacturing »), au cœur de la stratégie de l’entreprise. Démonter, réparer, procéder à des tests qualité et de contrôle similaires à des produits neufs… Valeo donne une seconde vie à des pièces défectueuses ou présentant un état d’usure important, évitant ainsi le recours à de nouvelles ressources tout en garantissant qualité, performance et durabilité. « La rénovation est notre business historique, encouragé par une réglementation européenne stricte. Ainsi, en France, les garagistes ont l’obligation de proposer des pièces issues de l’économie circulaire, et dans 90 % des cas, ce sera une pièce rénovée », explique Jean-Baptiste Burtscher. Avant d’ajouter : « Aujourd’hui, nous produisons un million de pièces rénovées par an, que ce soient des alterno-démarreurs, des transmissions ou encore des compresseurs. Notre ambition est de continuer de croître sur cette activité, en étendant notre périmètre en termes de produits comme de marchés. Les Etats-Unis, par exemple, pourraient représenter une zone de croissance. »
Au-delà de la rénovation, Valeo se positionne sur les innovations liées à la réparation et au recyclage. Un exemple : quand un véhicule est en fin de vie, Valeo récupère des pièces qui sont broyées pour refabriquer de la matière noble, comme de l’acier. L’avantage ? Il n'est pas nécessaire d’extraire du minerai pour la production de nouveaux éléments. Mais il est possible d’aller encore plus loin en supprimant le processus industriel : des pièces comme le châssis pourraient être extraites et utilisées telles quelles. De même sur les cartes électroniques, certains composants pourraient servir à nouveau en l’état pour de nouvelles cartes. C’est la réflexion en cours pour intégrer davantage de circularité dans les opérations.
Un écosystème de partenaires pour un meilleur impact carbone
Pour mener à bien cette politique d’économie circulaire vertueuse, travailler avec tous les acteurs de la chaîne est indispensable. Valeo a tissé un réseau précieux de fournisseurs, notamment de garagistes indépendants, qui identifient, démontent, collectent et marquent les pièces en amont de son intervention industrielle. Les fournisseurs agissent avec beaucoup de rigueur sur des processus très normés. « Prenons l’exemple de la rénovation des pièces de plastique injecté utilisées pour les phares de véhicules. Produire de tels composants génère des rebuts. Ceux-ci sont alors envoyés à nos partenaires qui vont recréer de la matière sous la forme de granulés de plastique. Il ne faut surtout pas mélanger les différents types de plastique, car ils sont incompatibles. Cela demande donc de s’appuyer sur des partenaires sérieux et précis pour aboutir à un taux de recyclabilité le plus élevé possible », expose Jean-Baptiste Burtscher. Et ce travail d’équipe est clé pour diminuer les émissions de CO2.
Un enjeu d'avenir avec la généralisation des véhicules électriques
L’interdiction des véhicules thermiques dès 2035 en Europe impose au secteur automobile d’accélérer sa réflexion autour de l’économie circulaire. « Avec les véhicules électriques, le challenge sera considérable car les matériaux représenteront l’essentiel de l’impact carbone du produit. L’économie circulaire deviendra donc le levier majeur d’une trajectoire zéro carbone », promet Jean-Baptiste Burtscher. « Au-delà de son usage, un véhicule électrique a un tel impact carbone que pour qu’il continue à avoir une acceptabilité politique, sociale et économique, il faudra nécessairement travailler à rallonger son espérance de vie. Et donc robustifier, rénover, réparer, recycler », ajoute le responsable développement durable. Un défi que Valeo compte bien relever dans les années à venir, en anticipant les enjeux de demain et en pensant une stratégie globale impliquant tous les maillons de la chaîne.